Les récifs artificiels

En dépit du nombre d'obstacles, les récifs artificiels sont aujourd'hui la meilleure solution face aux menaces qui pèsent sur les coraux à travers le monde. Améliorer l'état de santé du récif, accroître l'abondance des coraux, augmenter la biodiversité sont les objectifs voulus et atteints de ces structures.

Le principe est en soi assez simple : immerger des structures capables de résister à l'érosion dans le temps, sur lesquelles des fragments coraux fixés auront la possibilité de se développer.

Sur l'île de Koh Tao, deux solutions sont actuellement employées pour fixer les fragments de coraux :

- Au fil de nylon (et de fer pour le Biorock)

- Avec de l'époxy

On trouve déjà autour de l'île un nombre important de structures artificielles :

- Hin Fai Biorock : récif artificiel expérimental

- "The colony" ; "Despair" ;  "Ocean utopia" : Quand l'art rencontre l'écologie

- The taxonomic museum : Apprendre en s'amusant

- Buoyancy World : Site d'entrainement

- HTMS Sattakut : Epave, Récif et Site d'entrainement

BIOROCK

Biorock

Situé non loin de Taa Sak Bay, Biorock est un récif artificiel d'envergure qui aura couté 1 million de Bath thailandaises (environs 25000 euro).

Le principe est d'appliquer sur une structure métallique la technique dite de l'hydrolise, afin d'accelérer le processus de création du squelette calcaire des coraux (accrétion).

Ca(HCO3)2 <--> CaCO3 + H2CO3 <--> H2O + C02

Régulièrement, l'équipe conservation de NewHeaven, aidé par leurs internes et étudiants se rendent sur le Biorock afin d'entretenir ou de fixer de nouveaux coraux.

L'entretien : Consiste à débarasser la structure

- de tout ancien matériel à présent inutile

- de coraux morts

La fixation des nouveaux coraux : Consiste à l'aide d'un "Kit de restauration" composé d'une brosse, d'une pince, de fil de fer, de ciseaux à 

- Mettre à nu la structure métallique du Biorock en brisant la structure calcaire formée tout autour à l'aide de la pince

- Y fixer un fragment de corail (débarassé de tout éléments nuisibles avec la brosse) à l'aide du fil de fer en s'assurant de connecter la partie métallique mise à nu avec le fragment de corail

ps : En abscence de fil de fer, on peut tout simplement fixer le fragment de corail sur la structure à l'aide de fil de nylon sans travail préalabre si ce n'est une léger brossage de la surface du Biorock et du fragment de corail

Réfléchis en 2005, démarré en octobre 2008, ce récif artificiel était un défi dont les objectifs n'étaient pas moindre :

- Renforcer les liens avec les mouvements écologiques locaux et New Heaven

- Augmenter et protéger les ressources marines de l'île

- Impliquer, éduquer et sensibiliser tous les types de public

- Réduire les impacts négatifs sur les récifs naturels existant

- (re) Développement d'un écosystème sur une zone ayant souffert de l'impact humain (anthropique)

- Proposer un site de plongée alternatif à la fois pédagogique et loisir

L'emplacement du site quand à lui a été défini en concertation avec les locaux, le département côtier marin de Thaïlande et en fonction d'un mapping des zones de restauration potentielles

En savoir plus ICI (Chad Scott, 2012)

En 2014, un regard retrospectif sur 5 ans permets de constater que la technologie du Biorock est plus qu'efficace. Même lors de l'évènement de blanchiment massif qui frappe les coraux du globe en 2010, le Biorock se porte bien.

Photos, diagrammes et synthèses ICI (Gerianne Terlouw, 2012), et ICI

La technologie du Biorock est donc un grand succès et un immense espoir pour l'avenir des coraux et la lutte pour leur restauration.

L'aspect financier étant un réel problème, il est impossible de ne pas mentionner l'existence de BOB. BOB est un ingénieur hollandais, pris de passion pour la défense et la sauvegarde des récifs coraliens. C'est un génie d'inventivité et de créativité.

Grâce à son dévouement et a son travail acharné, BOB a concu un système peu couteux et très efficace permettant de reproduire à l'identique les bénéfices du Biorock.

C'est là, la plus belle nouvelle pour les coraux. BOB a donc créé un page facebook sur laquelle il se propose de partager expérience et connaissance à tous ceux qui souteraient bénéficier de cette technologie dans le but de restaurer les écosystèmes coraliens.

Je vous invite à découvrir sa page facebook : Coral Aid

THE COLONY

Il aura fallu des mois de travail en secret avant que Spencer Arnold, biologiste marin et activiste forcené de la sauvegarde des coraux au sein de NewHeaven, déploie le 08 mai 2015 dans la baie de Chalok Ban Tao son oeuvre d'art.

La stucture de fer, recouverte de béton et incrustée de visages est un tout nouveau type de récif artificiel, fait pour durer, sur lequel des coraux, depuis, se développent et prospèrent.

Spencer nous explique :

"La sculpture est conçue pour ressembler à une jeune colonie corallienne sortant du sol. A la place des polypes du corail, 14 visages ont été coulés et incrustés dans la structure. Chaque face est logée au sein d'un corallite sculpté, jetant des faisceaux de lumière sur chacun d'entre eux. La sculpture hante à première vue, mais en regardant de plus près, les visages au repos et serein se prêtent à une beauté apaisante.

Pour moi, la plongée a toujours été une expérience surréaliste, et cette sculpture a été faite avec l'intention de jouer avec sentiments en les amplifiant.

La sculpture est destinée à attirer l'attention sur écosytèmes coralliens mourant de la planète. Les 14 personnes qui ont été choisis pour cette sculpture sont tous reliés par leur passion commune pour l'océan et elles continuent d'inspirer les autres à rejoindre cette cause.

La sculpture est destiné à défier le spectateur de se reconnaître dans le cadre plus large de l'humanité, et à remettre en question les relations que nous avons avec l'autre et avec notre planète. Peut-être pourrions-nous apprendre des coraux, et trouver un moyen de vivre plus en symbiose avec autrui et le monde qui nous entoure."

"The colony" n'en est qu'à ses débuts et d'autres scultures comme celles ci verront bientôt le jour, pour permettre à tous ceux qui se reconnaissent dans cette lutte pour le maintient des écosystèmes coralliens, de voir leur visage immortalisé pour la cause.

En attendant, si vous êtes de passage sur l'île, à vos palmes et vos tubas, car ce n'est qu'à 5 mètres de profondeur que vous attendent ces nouveaux récifs

Spencer remerçie évidemment toutes les personnes qui l'ont aidé, du début jusqu'à la fin, à voir aboutir ce projet

DESPAIR

"Despair" ou désespoir, est un récif artificiel dans la baie de Chalok dont l'esprit s'ancre dans celui de "The colony". Du béton coulé sur une structure métalique, recouverte de grillage de poule, sert de support à ses visages immortalisés et coraux qui s'y développent.

A la base de la structure ont été fixés des coraux à croissance rapide de forme d'un genre appelé Acropora. Les côté et le sommet on été recouvert de coraux dit "massifs" et "sub-massif" au développement plus lent. Cette combinaison permet simplement que le développement des premiers ne dérange pas la croissance des deuxièmes par ombragement

Les fragments de coraux sont fixés à la structure par réaction chimique à l'aide d'un produit appelé époxy. 

Spencer nous parle du projet :

"J'ai reçu un panel de réaction très diversifiée sur ce projet lors de sa conception et de la construction - ce qui est compréhensible. Parfois , j'ai reçu une tape d'encouragement dans le dos, et d'autres fois, les gens se questionnais sur ma santé mentale . « Désespoir », cependant , est une réaction tout à fait saine d'esprit face aux problèmes insurmontables que le changement climatique pose à l'humanité, et c'est à cette émotion que le projet tente de répondre.

Ce sont ces images de visages haletant pour de l'air, les bras tendus vers la surface et griffant le béton qui les lient dans un effet de hantise. Pour moi, c'est une image puissante qui décrit ma propre relation avec le désespoir. Après avoir passé la meilleure partie de ma vie fasciné par notre planète et pétrifié par la vitesse à laquelle il a changé au cours de ma courte vie. Un sentiment d'inutilité suivais toujours ces contemplations, et je me demandais quel possible effet je pouvais avoir sur ce processus inexorable bien au-delà de mon contrôle de mortel chétif. Le désespoir que ce projet commente est la peur paralysante qu'il ne soit trop tard.

Ce fut ce désespoir qui me consumait qui atteint son apogée au cours de ma 4ème année en science de l'environnement à Montréal. Ce fut mon inaction pendant tout ce temps qui m'empêcha d'espérer et je devais désespérément être motivé. Au lieu de se renouer avec le monde autour de moi et d'essayer de le changer pour le mieux, je me rapprochais seulement du bout des lèvres de la notion de conservation, occasionnellement auprès d'un professeur ou paraphrasant un article que je l'avais lu, avant de retomber dans le nihilisme dont j'avais temporairement été tiré.

J'étais un hypocrite."

Despair est donc un continum de The Colony et un récif artificiel de plus amené par new heaven dans la baie de Chalok !

OCEAN UTOPIA

"Ocean Utopia" est une intervention artistique réalisée par l'artiste Valérie Goutard qui se compose de 3 scultures de bronze à l'éffigie de l'homme, ancrées dans une structure en béton.

L'oeuvre est régulièrement visité par l'équipe de conservation afin d'y fixer de nouveaux coraux, d'entretenir ceux déjà fixé ou d'y observer la vie en fin de "muck dive"

Bien qu'ayant un rôle de récif artificiel, Ocean Utopia est avant tout la participation et le travail d'une artiste. La plupart des récifs artificiels ont toujours été créés par des scientifiques et des conservateurs aguérris, l'équipe de New Heaven s'est donc montrée très enthousiaste dans ce projet donc l'importance principale est "de remuer l'esprit et le coeur de ceux qui le visite".

Ces scultures reposent sur le site de plongée de Tao Tong, choisi en accord avec l'artiste et l'équipe de conservation. Elles se trouvent sur une aire de sable, proche de récifs intensivement fréquentés durant la haute saison.

Après le déploiement d'efforts considérables et grace à l'aide des locaux, les scultures sont enfins immergées. 9 bouteilles-nurseries permettent au nouveaux venus de naviguer du récif jusqu'à ces personnages immobiles, figés attendant l'arrivée du prochain plongeur.

Depuis 2015, déjà, il est possible d'oberver la vie d'y développer. Des poissons juvéniles aux coraux en passant par les invertébrés, c'est la naissance d'un nouveua biotope.

"J'aime les sculptures qui intéragissent avec la nature, en changeant d'aspect grâce à l'ombre, en plein air, à la lumière du jour ou de la lune en fonction de la météo, le temps de la journée ou de la saison. J'aime observer l'évolution de la corrosion du milieu. Sous l'eau, toutes ces caractéristiques sont améliorées, la lumière du jour illumine les sculptures dans le paysage, en jouant avec les courbes, en constante évolution avec le mouvement des vagues et la mer élabore sa propre histoire avec le déplacement des cercles de lumière sur la surface de l'œuvre d'art. L'altération du milieu va évoluer rapidement et naturellement modifier le paysage. "-Val

L'équipe de New Heaven nous confie :

"Depuis plus de 60 ans, des plongeurs et scientifiques marins ont appelé à une meilleure protection et conservation des récifs coralliens, mais en l'absence d'une forte opinion publique, cette protection n'a pas été réalisée. Afin de parvenir à sensibiliser d'avantage sur les menaces qui pèsent sur les récifs coralliens, il est important que de nouveaux moyens d'expression soient utilisés pour transmettre le message. Des projets d'art sous-marins uniques comme celui-ci sont un mécanisme attractif et percutant pour obtenir une meilleure diffusion auprès du grand public, qui peut atteindre une plus large audience que les publications scientifiques ou des articles. Les installations visuellement superbes telles que ces structures touchent aux émotions du public, et les incitent à poser un regard sur les relations entre les humains et les récifs coralliens d'une manière que les graphiques et même des photographies ne pourront jamais atteindre."

The Taxonomic Museum

L'histoire du "Taxonomic Museum" démarre avec l'importance que porte l'équipe de conservation de NewHeaven à la préservation d'une diversité des genres de coraux.

En effet, Koh Tao est une île qui bénéficie d'une incroyable diversité des genres, mais comme nous le rappelle l'équipe, l'identification des coraux est un travail ardu tant certaines espèces ou genres se ressemble comme deux gouttes d'eaux !!

L'idée est donc que chaque structure comporte un type de coraux, dont le nom est bien visible, de sorte que chaque futur étudiant, interne ou plongeur de tous bords puissent être sensibilisé à cette diversité corallienne et puissent également les identifier plus facilement !! L'intérêt est donc double, voire triple : le résultat est visuellement magnifique !!

Une forme que tous le monde connait !

Tous le monde reconnaîtra cette élice particulière qui nous rappelle la forme atypique de notre ADN !! Et ce n'est pas par hasard qu'elle a été choisie.

La diversité des coraux et les nombreuses méthodes de reproduction (asexuée, sexuée, fragmentation...) impliquent un code génétique complexe qui a permis à ces animaux de traverser les époques ! 

Le plus vieux corail du monde a plus de 4000 ans !

Pour exprimer leur point de vue, l'équipe cite  Richard Dawkins qui écrit The Selfish Gene :

<< Ils sont en vous et en moi, ils nous ont créé, corps et esprit, et leur préservation est l'ultime raison de notre existence. Ils ont parcouru un long chemin, ces réplicateurs. Maintenant ils vont sous le nom de gènes, et nous somme le machine de survie >>

Immergées dans la baie de Chalok, bientôt ces structures donneront lieu à un musée subaquatique où, de la plongée bouteille à la plongée masque et tuba, le plaisir d'apprendre se mêlera au plaisir de nager !

 Buoyancy World

Un récif artificiel, ce n'est pas qu'un site de plantation de corail. C'est aussi un lieu ou la vie marine reprend ses droits et c'est également un site de plongée alternatif, préservant alors les récifs naturels d'une fréquentation trop importante.

"Buoyancy World" est l'exemple parfait de cette reflexion. 

A quelques mètre de profondeur sont immergées plusieurs structures aux formes simples, comme de larges tuyaux de béton, ou de formes plus complexes comme cette pieuvre.

Ce site de plongée est l'un des plus attractifs pour tous les exercices de matrise de la flotabilité, pour tous plogeur désireux de passer ses différents niveaux de plongée.

Afin de déterminer l'intérêt de ce genre de récif artificiel en tant que site de plongée alternatif (et donc comme solution de préservation des récifs naturel), un interne de la conservation à New Heaven, Robert Nichols, a accompli un travail de recherche et d'analyse auprès des différents instructeurs de plongée de différents centres sur l'îleavec pour objectif de regrouper des données sur l'effectivité et les possibles améliorations de ces récifs artificiels.

Il en a résulté un compte rendu, que vous pouvez lire ICI (Anglais)

Pour ceux qui sont peu friant de l'anglais, je vous invite tout de même à consulter le graphique de la page 26 qui expose une très forte fréquentation de "Buoyancy World" et de "HTMS Sattakut" une épave coulée dans un but similaire.

L'étude prouve qu'en 2012 :

1. au moins 45% des plongeurs ont visités l'un de ces deux récifs articifiels
2. 90% des instructeurs de plongée s'accordent sur la réelle effectivité de ces sites alternatifs

HTMS Sattakut

Tout autour de l'île ont été immergés au fil du temps des bâtiments de la marine civile et militaire afin d'offrir aux visiteurs des sites de plongée alternatifs attractifs et originaux.

Le HTMS Sattakut est l'un des sites de plongée les plus populaires ! Notemment pour les plongées profondes du niveau Open Water (supérieurs à 20m)

Chacun de ces bâtiments, comme tous ceux qui reposent au fond des mers, ont fini par assumer par la force des choses, un statut de récif artificiel.

Bien que n'y soit pas pratiqué la fixation de coraux, l'épave du HTMS Sattakut est devenu le lieux de développement d'un nouveau biotope ou la vie animale et végétale sous-marine a repris ses droits.

Déployée en 2011 par la marine thaîlandaise et le département de conservation côtier, d'une longeur de 50 mètres et à une profondeur de 30 mètres, cette épave est devenu, entre autre, pour l'île de Koh Tao un site d'entrainement à la compétence de "plongeur sur épave". Cette dénomination comprend :

- l'Apprentissage des techniques de plongée sur épaves et comment éviter les accidents communs

- Rechercher et apprendre l'histoire d'une épave

- Savoir déterminer quel équipement de plongée est nécessaire en fonction de l'épave

- les techniques et les différentes considérations pour entrer au sein d'une épave intacte

- Savoir planifier, organiser et effectuer au moins 4 plongées sur épave, sous la supervision d'un instructeur

HTMS Sattakut est une preuve de plus de l'intérêt des sites de plongée alternatif !

En savoir plus ICI